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Un bon jour dans mon horoscope ?

18 novembre 2009

Extraits d’un interview -bidon- de jean-michel(jimv) par jimv.blog (redac), c’est dire si c’est pas correct !

- redac- Nous avons appris Jean-michel vous avez été victime d’un accident du travail à Saint-Mandrier?
- jmv - Ben oui, mais faut pas exagérer; pourtant ça démarrait bien pour ce 09/11/2009 mon horoscope disait: « Une relation de travail pourrait se transformer de façon soudaine. Vous pourriez vous faire une nouvelle amie ! »
- redac- Vous croyez à l’horoscope ?!
- jmv - Non pas vraiment mais regardez après-coup:
Pour se transformer de façon soudaine, elle l’a fait (une fille quoi !) . Pas besoin de nouvelle amie: La Palplanche est mon animal sauvage de prédilection.Elle ne se dresse pas, ne s’apprivoise pas vraiment et ne s’éduque en aucune manière .
Quand elle entre dans l’arène c’est une bête sauvage toujours dangereuse, un taureau (une taurelle ?) … c’est pour cela que je l’aime…
- redac- Parlez nous plutôt de cet accident.
- jmv - Je sais pas si c’est le choc mais je n’ai pas de souvenir suffisamment précis pour en faire une vrai description.Nous enfichions des palplanches.
Tout ce que je sais, c’est que dans ma vision, j’ai vu arriver la bête. Très lentement elle s’est approchée de
mon bras, elle ralentissait (c’est ma vision).Pourquoi ne pas m’enlever, j’en sais rien et je ne suis pas suicidaire. Elle s’est appuyée sur mon bras,délicatement, a marqué une hésitation et a décidé de me « niquer » … »Craaac » j’ai entendu, en douceur (sinon il y avait plus de bras du tout) c’étaient seulement le « radius et un peu le « cubitus ».
- redac- Pourtant votre patron avait dit qu’il ne voulait plus d’accident de travail.
- jmv - Cette détermination lui fait honneur et c’est sa priorité. Mais comment parler le langage des palplanches et autres ferrailles volantes et être suffisamment dans leur intimité pour les empêcher de nuire !
- redac- Mais enfin il doit bien y avoir des raisons.
- jmv - Il y a toujours des raisons.J’avais un prof de math qui désespéré par les résultats de nos calculs disait sans relâche à la vision de nos ponts inconstructibles ou préeffondrés: « Petites causes, grands effets ». C’est un peu comme l’ »effet papillon »…
- redac- L’effet papillon dans un accident de travail ?
- jmv - Oui, vous savez l’effet papillon c’est cette théorie qui dit que le battement des ailes d’un papillon ici dans votre jardin peut de proche en proche déclencher un ouragan à l’autre bout du monde.C’est un calcul de probabilités qui rend cette chose certes peu probable mais certaine à long terme … C’est un peu comme dans « le hasard et la nécessité » de jacques Monod en ce qui concerne l’émergence de la vie :des tas de petits hasards, font qu’ineluctablement la vie est ce qu’elle est aujourd’hui…
- redac- Vous vous égarez …
- jmv - Sans doute , mais ne faut-il pas s’égarer pour trouver le chemin ?
Benjamin Franklin dans une de ses phrases célébres montre qu’aprés-coup on peut trouver pleins d’explications à un événement (et seulement aprés coup – et blessures-):
« À cause du clou, le fer fut perdu.
À cause du fer, le cheval fut perdu.
À cause du cheval, le cavalier fut perdu.
À cause du cavalier, le message fut perdu.
À cause du message, la bataille fut perdue.
À cause de la bataille, la guerre fut perdue.
À cause de la guerre, la liberté fut perdue.
Tout cela pour un simple clou. »

Bien entendu il ne faut pas mettre la responsabilité sur ce simple clou.On va ici d’une chose simple (le clou) à une entité complexe « la liberté ». Si le clou participe à la perte de liberté il n’en est pas la seule cause il suffit pour s’en convaincre de prendre ces prépositions en ordre inverse et de préparer un camion pour y déposer les questions qu’elles ne manqueront pas de poser.
- redac- Vous vous égarez je vous dit …
- jmv - Oui et non car dans la vie c’est la même chose. Je vais vous rappeler 4 choses concomitantes à cet accident:
1) l’accident se produit le lundi après-midi peu après 17 heures donc à la fin de la journée de travail commencée par le déplacement vers le chantier.
2) Juste avant, le grutier a plié sa grue pensant que la journée était finie.
3) Les palplanches livrées sont d’une sauvagerie totale et il n’y a pas de picadors: Découpe à l’arrache, serrures très serrées.
4) Le terrain (il n’y peut rien) est d’une dureté immédiate rare.
- redac- Et alors ?
- jmv – J’y viens. En premier lieu cet ensemble de faits qui ont traversés ma vie m’ont fait sans doute penser: « Saloperie, ça fait 3 fois que tu échappes (la palplanche), je vais la « niquer ta race… parce que j’aimerai bien aller vite prendre une douche.Tiens tu vas voir comment je vais y tirer sur ta gueule, connasse ! » (ou quelque chose dans le genre).
- redac- … ?
- jmv – Vous voyez bien que déjà il y a risque et enchaînement. Quand on commence a invectiver ces choses que l’on croit inertes, ce n’est pas bon. Alors la « haine » prend le pas sur la négociation et surtout l’ »entendement ».Les ingrédients sont réunis pour un AT il n’y a plus qu’à attendre le petit « pfffit » qui l’agglomérera.
- redac- Personne n’a vu le danger ?
- jmv - Je crois pas … sauf peut-être un qui s’apprêtait à me dire de passer de l’autre coté du rideau (mon chat noir ?) … nous étions tous sous les mêmes influences, sauf que j’étais au contact..
- redac- Vous voulez-dire par là ?
- jmv - Dans l’expérience que j’ai de ce sport c’est toujours celui qui est au contact qui commande à tous. L’ordre hiérarchique est chamboulé:tous servent celui qui est au contact et lui apportent leur soutien.
- redac- Vous croyez pas que vous avez pris aussi un coup sur la tête.
- jmv - Non. Cette attitude est un des fondamentaux de l’entreprise qui m’emploie.
- redac- Mais alors c’est vous qui êtes en faute !
- jmv - Sans nul doute !
- redac- Vous y allez fort !
- jmv – Pour des raisons inexpliqués je n’ai pas pris en compte que le chef ne me voyait pas,le grutier mal, l’enclencheur ailleurs, le conducteur empêtré… une seule obsession: « salope je t’aurais » … Et,elle m’a eu.
- redac- C’est le contraire de ce que vous venez de dire!
- jmv - J’ai encore rien dit ! Là j’ai manqué de regarder autour de moi, j’ai manqué d’humilité, je me suis cru le maître des palplanches (2 secondes) alors que comme j’ai déjà « donné » je suis un « casse-burne » fini au niveau de la sécurité des collégues.
- redac- « casse-burnes » ?
- jmv - Oui, dés que je vois une situation potentiellement dangereuse pour une personne je hurle ! et j’entends fréquemment (zi-toon) « Woahhhh, papy, je risque rien ! » . Comme quoi !
- redac- Comme quoi, quoi ?
- jmv - Comme quoi la sécurité c’est simplement l’équipe.  » Au contact  » on ne voit pas grand chose ce sont toujours ceux qui sont plus loin, attentifs à la manoeuvre qui peuvent alerter et d’ailleurs c’est une des caractéristiques des grutiers de l’entreprise d’arrêter toute manoeuvre au moindre son inhabituel.
- redac- La sécurité c’est aussi les EPI ?!
- jmv - j’espère que vous ne rigolez pas ! Dans ce cas de figure je portais: casque, gants, chaussures de sécurité, gilet de sauvetage (pourquoi j’ai pas sauté à l’eau ?). Pardi qu’ils sont nécessaires … mais là, c’est d’une armure dont j’aurais du être équipé … Coupons court si vous voulez bien sinon je dérape .
- redac- Vous avez peut-être des solutions au niveau de la sécurité.
- jmv - Ce n’est pas mon travail .
- redac-
- redac- Et votre futur?
- jmv – Mon futur est devant moi. Pour le présent, un seul objectif: tout mettre en oeuvre pour que le bras soit opérationnel.
- redac- Mais, vous êtes prés de la retraite, alors je …
- jmv - Ne me les cassez pas !
- redac- Vous semblez attacher beaucoup d’importance à votre boulot, et la famille ?
- jmv - Par chance j’ai 5 enfants, en bonne santé, tous aujourd’hui « casés », ça me laisse une liberté, une liberté dont je les remercie. Le boulot, je sais pas ce que ça veut dire. Si c’est être avec des gens pour réaliser des choses, j’aime le boulot.
- redac- Revenons à votre accident.Imaginez-vous les conséquences financiéres pour ceux qui vous emploient et c’est votre second accident en 6 ans ?
- jmv - Comment dire, je suis désolé des conséquences financiéres pour l’agence qui m’emploie depuis peu. Les sommes sont extravagantes.Vous me dites second accident en 6 ans… A vous entendre il faut me jeter !
- redac- J’ai pas dis çà, mais c’est une question qui se pose.
- jmv - La question se pose en effet. je voudrais simplement dire que ça fait des milliers d’heures que je suis en risque « au contact ».Ca fait aussi des milliers d’heures que j’ai appris à me protéger et ça fait des milliers d’heures que j’essaye de protéger mes collègues.Bon, simplement c’est pas un employé de bureau qui risque cet accident, tant mieux..Quoi qu’on en dise le simple fait d’être « au contact » chaque jour que Dieu fait avec ces sauvageonnes expose à un accident et quoi que l’on fasse ou veuille faire on n’éliminera pas le fait que statistiquement pour un nombre de palplanches enfichées donné il y aura forcément des accidents qui impliqueront le plus souvent la personne « au contact ».Ce que je fais, c’est un choix de vie et j’en assume toutes les conséquences tant au niveau paye que risques. Ma foi à vous de juger.
- redac- A vous entendre vous voudriez revenir
- jmv - Oui et aussi vite que la consolidation de la fracture sera faite . Je n’ai pas dit mon dernier mot à tous mes copains, ni aux palplanches.
- redac- C’est étrange !
- jmv - Voyez autour de vous le nombre de gens que vous connaissez qui sont heureux de leur sort.. je suis de cette multitude…
- redac- … ?!
- jmv – Vous n’en connaissez pas, allez « au contact » il y en a plein !
- redac- Revenons à l’accident, Est-ce qu’il y a quelque chose qui vous navre dans cette affaire?
- jmv - Tout. Bien sur déjà le coup d’être accidenté mais ce n’est après tout qu’un bras cassé …Ce qui me fait le plus chier, c’est d’abandonner le chantier.
- redac- Là vous « sucez » comme ils disent chez vous.
- jmv - Merci pour le « chez-moi ».C’est un chantier où j’étais depuis au moins 7 mois.J’y avais pris mes marques tant au boulot qu’à mon hébergement.Dans cette équipe nous avions nos codes, rodés et donc … rodés.C’est demander aujourd’hui à ceux qui restent d’en reconstruire et c’est pas évident …
- redac- … Vous vous croyez indispensable ?
- jmv - Certainement pas, ça me fait juste chier ! Vous savez lors de mon dernier AT, c’était le dernier jour de chantier. Donc le chantier s’est fini sans moi et je ne suis simplement pas allé sur le nouveau qui était prévu. Là c’est différent. Et puis ces trésors de patience pour comprendre et apprécier le chef (et vice-versa) … ça me trouble. J’ai envie de revenir !
- redac- D’accord, on a compris.Parlez-nous de votre prise en charge après l’accident.
- jmv - Oui. D’abord personne n’a cru que je m’étais fait mal ( je vous disais: « en douceur »), je sautillais simplement. Le chef s’est approché de moi et a vu mon bras. Là, l’homme pompier est sorti du bois. Il m’a simplement pris la main et essayé de me rendre confortable. Merci Stephane, MERCI.
Il a appelé les pompiers (pas simple avec leur chaine d’information) et a réglé les problèmes, puis il a averti la boite … Stephane et Sébastien m’ont rejoint à l’hôpital et ont étés là tout le temps de mon hospitalisation , à mes petits soins, super les gars.
Et puis ce sont des nouvelles qui traversent les réseaux de l’entreprise à une vitesse fulgurante et tous les collègues m’ont téléphonés, vous pouvez pas savoir comment ça fait du bien !
- redac- Avez vous encore quelque chose à dire ?
- jmv – Il y en aurait tellement ! La seule qui est omniprésente dans mon cerveau c’est: « Prenez garde à vous et aux autres ». C’est la seule règle de sécurité que je connaisse dans ce métier y déroger serait selon moi criminel. J’y reviendrais sans doute. La seconde c’est ma détermination à tout faire pour revenir en forme sur un chantier de battage.Voilà.
- redac- Merci jmv, nous allons donc publier cet interview…
- jmv – Non ! Tant que vous n’aurez pas la permission du « patron », un peu de descence diantre !
- redac- Vous me cherchez, et je vous soupçonne de ne m’avoir pas tout dit.
- jmv - Si: j’ai répondu à vos questions (qui sont aussi un peu les miennes). D’autres viendront peut-être … et bien sur que je cherche à vous faire réagir, média de mes fesses.
- redac- Oh !
- jmv – Einh !!!

Zut et zut ,je reviendrais

Zut et zut ,je reviendrais

- voir aussi « la revanche des palplanches »

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    5 Reponses pour “Un bon jour dans mon horoscope ?”

  1. Daniel Dit:

    ouf !!!!!!!
    je suis rassuré, les nerfs ne sont pas touchés tu peux bouger les doigts.
    tu pourras continuer à te gratter les co…. euh les oreilles.
    enfin une bonne nouvelle!!!
    bon rétablissement.
    Daniel

  2. pereboulange Dit:

    cet article est a faire palir tout les journeaux de la region.meme pas un commentaire dans le midi libre,meme pas le 20h sur tf1,mais ou vas la france? MERDE…..

  3. lernea Dit:

    Bonjour, Un copain m’a fait suivre un mail qui s’intitulait: « LA REVANCHE DES PALPLANCHES »
    Ce qui m’a plu c’est le coté festif des palplanches! Vous devriez le rajouter à votre article. Merci de me lire

  4. jimv Dit:

    « La revanche des palplanches ». Cher Lernea il se trouve que je suis là pour vous répondre… et pour cause !
    Je vois que mon mail « buzze »!
    Fallait-il pourtant qu’elles se vengent ? De quoi, moi qui suis si doux avec elles. C’est comme ça !
    Ce coté Festif des palplanches, je le connais, aussi je vais amender ce texte dans ce sens.
    Merci de votre contribution et de votre soutien.
    jimv

  5. ronchemy Dit:

    bon retablissement pour toi vite la guerissons car rester inactif une vraie galere bye